Le Reflet de la Terreur : une Histoire qui va vous Hanter

Eva ferma les yeux et prit une profonde inspiration. La lumière douce du matin traversait la vitre de la salle de bain, réchauffant à peine son visage. « Tout ira bien », se murmura-t-elle, tentant de calmer les battements désordonnés de son cœur. Elle se tenait devant le miroir, sa brosse à cheveux dans une main tremblante. Mais elle n’osait pas lever les yeux. C’était devenu un rituel ces derniers jours : éviter le reflet à tout prix. Elle savait que ce qu’elle verrait ne ferait que renforcer son angoisse. Pourtant, une partie d’elle était tentée, comme une sorte de fascination morbide.

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Un bruit de pas derrière la porte la tira de ses pensées. Paul. « Chérie, tout va bien ? Tu es là-dedans depuis un moment. » Sa voix, douce et rassurante, semblait appartenir à un autre monde, un monde où tout était normal, où elle n’avait pas à se méfier de chaque surface réfléchissante. Eva hésita, puis ouvrit enfin les yeux et releva la tête.

Son reflet était là, comme toujours, mais ce n’était pas vraiment elle. Il y avait quelque chose dans son regard… une lueur différente, presque malveillante. Elle cligna des yeux rapidement, espérant chasser cette impression. « Oui, tout va bien, j’arrive tout de suite », répondit-elle, sa voix à peine audible, étranglée par l’angoisse.

Elle sortit de la salle de bain, forçant un sourire quand elle croisa Paul dans le couloir. Il lui prit la main, un geste qui se voulait rassurant, mais elle sentit une vague d’inconfort traverser son corps. Paul la regardait avec inquiétude depuis quelques jours, mais il ne disait rien.

À table, les enfants discutaient joyeusement, inconscients du tourment qui rongeait leur mère. Eva leur sourit faiblement, écoutant d’une oreille distraite les histoires de l’école et des amis. Elle avait appris à faire semblant, à jouer la comédie pour préserver une normalité fragile. Pourtant, chaque parole échangée lui semblait fausse, comme si tout ce qui l’entourait appartenait à un décor mal ficelé.

Le téléphone vibra sur la table. Claire. Eva fixa un instant l’écran, hésitante. Son amie s’inquiétait pour elle, insistait pour qu’elles se voient. Elle accepta finalement, pensant que l’air frais et la compagnie l’aideraient peut-être à chasser cette anxiété oppressante.

Claire l’attendait devant le café habituel, un sourire radieux sur le visage. « Ça fait un bail ! Je commençais à croire que tu m’évitais. » La voix de Claire était chaleureuse, pleine d’énergie, tout ce qu’Eva avait perdu.

« Non, juste fatiguée ces derniers temps », répondit Eva en s’asseyant. Elles échangèrent quelques banalités, Eva riant aux blagues de Claire, mais ses pensées dérivaient sans cesse vers les reflets autour d’elles. Les grandes fenêtres du café, la tasse de café brillante, chaque surface devenait une menace potentielle.

Puis ce fut plus fort qu’elle. Son regard fut attiré par la vitrine derrière Claire. La rue était assez bondée, et chaque passant couvert d’un manteau d’hiver rendait sa reflection plus nette. Claire parlait encore, inconsciente de ce qu’Eva voyait. Les paroles de son amie s’etouffèrent peu à peu et il fut de plus en plus difficile de les distinguer du brouhaha environnant. Comme envoûtée par son reflet, Eva ne put détacher son regard de ce visage à fois familier et étranger.

Alors qu’elle était complètement absorbée par le regard intense de son image, Eva laissa échapper un cri, renversant sa tasse de café. Claire se figea, les yeux écarquillés. « Eva, qu’est-ce qui se passe ? » Son reflet lui avait fait un clin d’œil. Mais dans la vitrine, tout était redevenu normal. Eva bredouilla des excuses, tremblante, avant de quitter précipitamment le café sous le regard inquiet de son amie.

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Cette nuit-là, Eva ne dormit pas. Les cauchemars s’étaient intensifiés, la tourmentant de visions où elle était prisonnière, impuissante, dans une boîte de verre. Chaque matin, elle se levait avec la certitude que cette journée serait différente, que tout redeviendrait normal. Mais l’angoisse revenait toujours.

Elle tenta de parler à Paul, de lui expliquer ce qu’elle ressentait. « Je crois que je perds la tête », avait-elle avoué, une nuit, en larmes. Paul avait posé une main réconfortante sur son épaule, mais elle sentait qu’il ne comprenait pas vraiment. « Tu es juste stressée, chérie. On peut voir un médecin si tu veux. »

Un médecin. C’était la seule solution, pensa-t-elle. Quelques jours plus tard, elle était dans le bureau du Dr Albédo, un psychiatre que Claire lui avait recommandé. « Parlez-moi de ce que vous ressentez, Eva », dit-il d’une voix posée, en ajustant ses lunettes. Eva hésita, puis commença à tout raconter. Les reflets, les décalages, les sourires menaçants. À mesure qu’elle parlait, elle se sentait de plus en plus exposée, vulnérable. Elle observa les verres des lunettes du docteur et crut y apercevoir un reflet. Un frisson glacé la parcourut.

Elle se pencha, lentement, fixant intensément les verres. « Eva, tout va bien ? » demanda-t-il, l’air déconcerté. Mais elle n’entendait plus. Elle devait voir. Elle s’approcha, tendant presque la main vers ses lunettes, cherchant ce qui se cachait dans ce reflet minuscule. « Eva, s’il vous plaît ! » dit-il d’une voix plus ferme. Elle recula soudain, réalisant à quel point elle avait perdu le contrôle. Albédo, perplexe, écourta la séance, mais elle sortit de là plus terrifiée que jamais. Était-elle vraiment en train de perdre la tête ?

Les semaines qui suivirent, Eva s’isola complètement. Elle travaillait depuis la maison, prétextant une surcharge de travail. Paul, bien que patient, commençait à s’inquiéter sérieusement. Les enfants étaient eux aussi de plus en plus silencieux en sa présence. Eva savait qu’ils sentaient quelque chose d’étrange chez elle, mais elle n’avait pas la force de leur parler. Les reflets étaient partout. Elle les voyait dans les vitres, les flaques d’eau, même dans les yeux de ses enfants.

La télévision éteinte dans le salon devint un autre point de terreur. Parfois, elle voyait son propre visage dans l’écran noir, mais il n’imitait pas ses expressions. Au lieu de cela, il la fixait, l’air menaçant, comme s’il attendait quelque chose. Une nuit, elle se réveilla en sursaut, sentant une présence dans la pièce. Elle jeta un coup d’œil à la télévision éteinte et vit son reflet, debout, alors qu’elle-même était toujours allongée dans le lit. Elle cria, réveillant Paul qui ne vit rien d’autre que l’obscurité du salon.

Un soir, alors que Paul et les enfants étaient sortis pour une soirée avec des amis, Eva resta seule à la maison. Le silence était lourd, oppressant. Elle décida de descendre au salon, sentant une force la pousser à faire face à ses peurs. Devant le grand miroir du salon, celui qu’elle évitait depuis des mois, elle s’arrêta, la gorge serrée.

Elle prit une grande inspiration et osa enfin lever les yeux. Son reflet l’attendait, comme toujours. L’autre Eva, celle du miroir, souriait de ce sourire tordu, presque triomphal. Eva sentit son sang se glacer. « Ce n’est pas moi… », murmura-t-elle. Puis elle hurla, désespérée : « Qu’est-ce que tu me veux, à la fin ?! » Eva serra le poing et alors qu’elle allait briser le miroir, une main en émergea et lui saisit le poignet. Dans un moment d’horreur absolue, Eva tenta de s’en défaire, mais en vain.

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Quand Eva ouvrit les yeux, elle se trouvait toujours devant le miroir. Mais quelque chose avait changé. Elle se sentait calme, sereine. Elle se redressa lentement, comme dans un rêve, et se regarda. Cette fois, tout était normal. Son reflet lui souriait doucement. Elle s’éloigna du miroir, satisfaite.

Paul et les enfants rentrèrent peu après. Ils l’accueillirent avec des sourires, heureux de la voir si détendue, si apaisée. Elle les prit dans ses bras, les embrassa tendrement. Tout était parfait. Ils étaient à nouveau une famille normale.

Mais dans un coin de la maison, le miroir du salon renvoyait une autre réalité. Derrière la surface lisse, une autre Eva, les traits déformés par la terreur, frappait frénétiquement contre la paroi, hurlant dans le silence. Sa bouche se tordait en cris de désespoir, ses yeux implorants cherchant une sortie. Mais il n’y avait plus d’échappatoire. L’échange avait eu lieu.

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– FIN –