After the Abraham-Lincoln’s intense pursuit of the mysterious glowing creature, a sudden collision hurls Professor Aronnax and his companions into the sea. As they fight against exhaustion and despair, a startling revelation awaits—a glimpse of the true nature of the “monster” that has baffled the world. What could this enigmatic leviathan really be?

Note: Enjoy the original French text of Jules Verne‘s 20,000 Leagues Under the Sea (⭐ C1/C2), or choose adapted versions for your level in the tabs below! 😊

✨ Explorer’s Guide

Choose your level wisely! Each level offers a unique journey designed to match your current knowledge of French:

A single image of a teenage girl with a beret, happily eating a croissant.
Beginner (A1/A2)

Perfect if you’re just starting out or brushing up on the basics, this level builds a strong foundation!


A1/A2

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Intermediate (B1/B2)

For adventurers ready to take on more complex challenges, this level bridges the gap to fluency!

⭐⭐
B1/B2

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Advanced (C1/C2)

If you’re comfortable with almost everything in French and ready for high-level texts, this is your path!

⭐⭐⭐
C1/C2

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Tap on one of the 3 tabs to choose your French level below:

📖 Story (A1/A2)

CHAPITRE VII — UNE BALEINE D’ESPÈCE INCONNUE

Je suis tombé dans l’eau. J’étais très surpris. Je suis remonté à la surface en nageant. J’ai cherché la frégate du regard, mais je ne l’ai pas vue. Les lumières disparaissaient dans la nuit. J’étais seul, perdu au milieu de la mer.

J’ai crié : « À l’aide ! À l’aide ! » mais personne ne m’a répondu. Mes vêtements étaient lourds, et je commençais à couler. Je ne pouvais plus respirer. Soudain, une main a attrapé mes habits et m’a tiré vers la surface.

C’était Conseil, mon fidèle serviteur. Il m’a dit : « Monsieur, appuyez-vous sur mon épaule. Vous nagerez mieux. » Je l’ai remercié et lui ai demandé : « Pourquoi es-tu là ? » Il a répondu : « Je suis au service de monsieur. J’ai sauté à l’eau pour rester avec vous.


A tense scene inside a dark echoing cave with Armand Leclerc and Elodie Moreau cautiously advancing, looking around as if being followed

Nous étions seuls dans l’eau. La frégate ne pouvait pas revenir. Conseil m’a expliqué que le gouvernail était cassé. Nous devions attendre les embarcations de secours, mais elles ne venaient pas. Conseil a proposé un plan : « L’un de nous repose sur le dos pendant dix minutes pendant que l’autre nage et pousse. Ensuite, on change. »

Nous avons suivi ce plan pendant plusieurs heures. Mais c’était très difficile. Mes jambes avaient des crampes, et Conseil devait me soutenir. Il était fatigué aussi, mais il a refusé de m’abandonner. La lune est apparue et a éclairé la mer. Cela nous a donné un peu d’espoir.

Soudain, nous avons entendu une voix dans la nuit. Conseil a crié : « À l’aide ! » Une voix a répondu. Nous avons nagé vers le son. Je n’avais presque plus de force. J’ai coulé. Puis, un objet dur m’a heurté. Je m’y suis agrippé. C’était une sorte de bateau.


A tense scene inside a dark echoing cave with Armand Leclerc and Elodie Moreau cautiously advancing, looking around as if being followed

Un homme nous a aidés. C’était Ned Land, le harponneur. Il était sur le dos du bateau. Il m’a dit : « Ce n’est pas un animal. C’est une machine, un bateau fait en métal. » Nous sommes montés sur le bateau. Il était dur, froid et lisse. Ce n’était pas un cétacé. Ned avait raison.

Le bateau a commencé à bouger. Nous nous sommes accrochés. S’il plongeait, nous étions perdus. Nous avons cherché une entrée, mais nous n’avons rien trouvé. Le bateau allait vite, et nous étions épuisés.

Au lever du jour, le bateau a ralenti. Une trappe s’est ouverte. Un homme est apparu, mais il est parti rapidement. Peu après, plusieurs hommes masqués sont sortis. Ils nous ont attrapés et nous ont emmenés à l’intérieur de la machine.


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– TO BE CONTINUED –

🤔 Quiz

1- Conseil a sauté à l’eau parce qu’il avait peur pour sa vie.

FAUX 😮 – Il a sauté à l’eau pour rester avec son maître, car il est toujours fidèle à lui. 

2- La frégate Abraham-Lincoln est revenue pour sauver Conseil et le narrateur.

FAUX 😮 – La frégate ne pouvait pas revenir car son gouvernail était cassé. 

3- Ned Land a trouvé un îlot flottant fait de bois et de plantes.

FAUX 😮 – Ned Land était sur le dos d’un sous-marin en métal, pas un îlot naturel. 

4- La lune a aidé les personnages à retrouver un peu d’espoir.

VRAI 🙂 

5- Les hommes masqués ont emmené Conseil, Ned et le narrateur dans un sous-marin mystérieux.

VRAI 🙂 

Great job, adventurer! 🤠

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📖 Histoire (B1/B2)

CHAPITRE VII — UNE BALEINE D’ESPÈCE INCONNUE

Quand je tombai à l’eau, la surprise me laissa peu de temps pour réfléchir. Enfoncé à une profondeur d’environ six mètres, je ne perdis pas mon calme. Grâce à quelques mouvements vigoureux, je remontai à la surface.

Mon premier réflexe fut de chercher des yeux la frégate. Était-elle en train de faire demi-tour ? Quelqu’un avait-il remarqué ma chute ? Devais-je espérer un sauvetage ?

Dans l’obscurité, je distinguai une masse noire qui s’éloignait : c’était l’Abraham-Lincoln. Ses lumières disparurent peu à peu. La peur m’envahit. Je criai :
« À l’aide ! »
Mais mes vêtements mouillés me gênaient. L’eau les collait à ma peau, rendant mes mouvements difficiles. Je suffoquais.

Tout à coup, je sentis une main ferme saisir mes habits. Une voix calme murmura à mon oreille :
« Monsieur, appuyez-vous sur mon épaule. Vous serez mieux ainsi. »

C’était Conseil, mon fidèle serviteur.
« Toi ? Comment es-tu là ? » lui demandai-je.
« Je suis votre serviteur, monsieur. Où vous allez, je vais aussi », répondit-il simplement


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La situation était critique. Conseil m’aida à me débarrasser de mes vêtements. Cela facilita mes mouvements, et je fis de même pour lui. Ensemble, nous nageâmes côte à côte. Cependant, l’épuisement nous menaçait. Conseil proposa un plan : pendant que l’un de nous se reposait en flottant sur le dos, l’autre le pousserait. Ainsi, nous pouvions économiser nos forces.

Les heures passèrent lentement. L’eau était froide, et la fatigue nous gagnait. Vers une heure du matin, je fus pris de crampes douloureuses. Conseil, bien qu’épuisé lui-même, me soutenait.

« Laisse-moi », lui dis-je.
« Jamais ! » répondit-il.

La lune apparut alors, illuminant l’horizon. Je regardai autour de moi et aperçus la frégate, mais elle était à plusieurs kilomètres. Nous criâmes de toutes nos forces. Une voix répondit faiblement. Était-ce une embarcation venue nous sauver ? Ou une autre victime de l’accident ?

Conseil redoubla d’efforts. Il se hissa hors de l’eau pour mieux voir, mais retomba épuisé. Nous étions presque à bout de forces quand, soudain, je heurtai un objet dur. Je m’y agrippai désespérément.

Reprenant conscience, j’entendis la voix de Conseil et celle d’une autre personne. C’était Ned Land, le harponneur.
« Nous sommes sur une sorte d’île flottante », expliqua-t-il.
« Une île ? » demandai-je.
« Oui, ou plutôt… sur le dos du monstre », répondit-il.


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En touchant la surface, je réalisai qu’elle était dure et métallique. Ce n’était pas un animal ordinaire. L’idée que ce « monstre » était en réalité une machine me traversa l’esprit.

Ned confirma :
« Mon harpon n’a pas pu le pénétrer parce que sa peau est faite en acier. »

Nous étions donc sur un sous-marin géant, capable de naviguer à grande vitesse. Mais qui l’avait construit ? Était-il habité ?

Alors que nous réfléchissions, la machine se mit en mouvement. Nous nous accrochâmes fermement pour ne pas tomber. La vitesse augmenta, et les vagues nous frappaient violemment. Ned trouva un anneau sur lequel nous pûmes nous fixer.

La nuit semblait interminable. Parfois, le vent se calmait, et j’entendais des sons étranges venant de l’intérieur de l’appareil. Était-ce une musique ? Un bruit de mécanisme ?

Au lever du jour, la machine ralentit. Nous décidâmes d’explorer sa surface pour trouver une ouverture. Soudain, une plaque s’ouvrit, et un homme apparut. Il cria quelque chose avant de disparaître. Peu après, plusieurs hommes masqués sortirent. Ils nous saisirent et nous entraînèrent à l’intérieur du sous-marin.


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– À SUIVRE –

🤔 Quiz

1- Le personnage principal est tombé à l’eau en raison d’un accident avec le monstre marin.

VRAI 🙂 

2- Conseil a sauté à l’eau pour sauver le professeur parce qu’il avait été lui-même poussé.

FAUX 😮 – Conseil a volontairement sauté pour suivre le professeur, car il considère que c’est son devoir. 

3- Le professeur et Conseil ont utilisé un plan pour économiser leurs forces en nageant.

VRAI 🙂 

4- La frégate s’est arrêtée pour chercher les deux hommes dans l’eau.

FAUX 😮 – La frégate ne pouvait pas revenir car son gouvernail était brisé. 

5- La lune a aidé les deux hommes à retrouver un peu d’espoir en éclairant l’horizon.

VRAI 🙂 

6- Ned Land a trouvé un refuge sur le dos du monstre avant d’aider le professeur et Conseil.

VRAI 🙂 

7- Le monstre était un animal géant recouvert de plaques métalliques.

FAUX 😮 – Ce n’était pas un animal, mais un sous-marin construit en acier. 

8- L’équipage du sous-marin a immédiatement accueilli les trois hommes à bras ouverts.

FAUX 😮 – Les hommes masqués les ont capturés et emmenés dans la machine sans leur parler. 

9- Le professeur a entendu des sons étranges venant de l’intérieur de la machine pendant la nuit.

VRAI 🙂 

10- Le sous-marin s’est arrêté pour permettre aux trois hommes de monter à bord.

FAUX 😮 – Le sous-marin ne s’est pas arrêté volontairement ; les hommes se sont accrochés et ont été forcés d’attendre. 


Great job, adventurer! 🤠

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📖 Histoire (C1/C2)

CHAPITRE VII — UNE BALEINE D’ESPÈCE INCONNUE

Bien que j’eusse été surpris par cette chute inattendue, je n’en conservai pas moins une impression très-nette de mes sensations.

Je fus d’abord entraîné à une profondeur de vingt pieds environ. Je suis bon nageur, sans prétendre égaler Byron et Edgar Poe, qui sont des maîtres, et ce plongeon ne me fit point perdre la tête. Deux vigoureux coups de talons me ramenèrent à la surface de la mer.

Mon premier soin fut de chercher des yeux la frégate. L’équipage s’était-il aperçu de ma disparition ? L’Abraham-Lincoln avait-il viré de bord ? Le commandant Farragut mettait-il une embarcation à la mer ? Devais-je espérer d’être sauvé ?

Les ténèbres étaient profondes. J’entrevis une masse noire qui disparaissait vers l’est, et dont les feux de position s’éteignirent dans l’éloignement. C’était la frégate. Je me sentis perdu.

« A moi ! à moi ! » criai-je, en nageant vers l’Abraham-Lincoln d’un bras désespéré.

Mes vêtements m’embarrassaient. L’eau les collait à mon corps, ils paralysaient mes mouvements. Je coulais ! je suffoquais !…

« A moi ! »

Ce fut le dernier cri que je jetai. Ma bouche s’emplit d’eau. Je me débattis, entraîné dans l’abîme…

Soudain, mes habits furent saisis par une main vigoureuse, je me sentis violemment ramené à la surface de la mer, et j’entendis, oui, j’entendis ces paroles prononcées à mon oreille :

« Si monsieur veut avoir l’extrême obligeance de s’appuyer sur mon épaule, monsieur nagera beaucoup plus à son aise. »

Je saisis d’une main le bras de mon fidèle Conseil.

« Toi ! dis-je, toi !

— Moi-même, répondit Conseil, et aux ordres de monsieur.

— Et ce choc t’a précipité en même temps que moi à la mer ?

— Nullement. Mais étant au service de monsieur, j’ai suivi monsieur ! »

Le digne garçon trouvait cela tout naturel !

« Et la frégate ? demandai-je.

— La frégate ! répondit Conseil en se retournant sur le dos, je crois que monsieur fera bien de ne pas trop compter sur elle !

— Tu dis ?

— Je dis qu’au moment où je me précipitai à la mer, j’entendis les hommes de barre s’écrier : « L’hélice et le gouvernail sont brisés…

— Brisés ?

— Oui ! brisés par la dent du monstre. C’est la seule avarie, je pense, que l’Abraham-Lincoln ait éprouvée. Mais, circonstance fâcheuse pour nous, il ne gouverne plus.

— Alors, nous sommes perdus !

— Peut-être, répondit tranquillement Conseil. Cependant, nous avons encore quelques heures devant nous, et en quelques heures, on fait bien des choses ! »

L’imperturbable sang-froid de Conseil me remonta. Je nageai plus vigoureusement ; mais, gêné par mes vêtements qui me serraient comme une chappe de plomb, j’éprouvais une extrême difficulté à me soutenir. Conseil s’en aperçut.


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« Que monsieur me permette de lui faire une incision, » dit-il.

Et glissant un couteau ouvert sous mes habits, il les fendit de haut en bas d’un coup rapide. Puis, il m’en débarrassa lestement, tandis que je nageais pour tous deux.

A mon tour, je rendis le même service à Conseil, et nous continuâmes de « naviguer » l’un près de l’autre.

Cependant, la situation n’en était pas moins terrible. Peut-être notre disparition n’avait-elle pas été remarquée, et l’eût-elle été, la frégate ne pouvait revenir sous le vent à nous, étant démontée de son gouvernail. Il ne fallait donc compter que sur ses embarcations.

Conseil raisonna froidement dans cette hypothèse et fit son plan en conséquence. Étonnante nature ! ce flegmatique garçon était là comme chez lui !

Il fut donc décidé que notre seule chance de salut étant d’être recueillis par les embarcations de l’Abraham-Lincoln, nous devions nous organiser de manière à les attendre le plus longtemps possible. Je résolus alors de diviser nos forces afin de ne pas les épuiser simultanément, et voici ce qui fut convenu : pendant que l’un de nous, étendu sur le dos, se tiendrait immobile, les bras croisés, les jambes allongées, l’autre nagerait et le pousserait en avant. Ce rôle de remorqueur ne devait pas durer plus de dix minutes, et, nous relayant ainsi, nous pouvions surnager pendant quelques heures, et peut-être jusqu’au lever du jour.

Faible chance ! mais l’espoir est si fortement enraciné au cœur de l’homme ! Puis, nous étions deux. Enfin, je l’affirme, — bien que cela paraisse improbable, — si je cherchais à détruire en moi toute illusion, si je voulais « désespérer, » je ne le pouvais pas !

La collision de la frégate et du cétacé s’était produite vers onze heures du soir environ. Je comptais donc sur huit heures de nage jusqu’au lever du soleil. Opération rigoureusement praticable, en nous relayant. La mer, assez belle, nous fatiguait peu. Parfois, je cherchais à percer du regard ces épaisses ténèbres que rompait seule la phosphorescence provoquée par nos mouvements. Je regardais ces ondes lumineuses qui se brisaient sur ma main et dont la nappe miroitante se tachait de plaques livides. On eût dit que nous étions plongés dans un bain de mercure.

Vers une heure du matin, je fus pris d’une extrême fatigue. Mes membres se raidirent sous l’étreinte de crampes violentes. Conseil dut me soutenir, et le soin de notre conservation reposa sur lui seul. J’entendis bientôt haleter le pauvre garçon ; sa respiration devint courte et pressée. Je compris qu’il ne pouvait résister longtemps.



« Laisse-moi ! laisse-moi ! lui dis-je.

— Abandonner monsieur ! jamais ! répondit-il. Je compte bien me noyer avant lui ! »

En ce moment, la lune apparut à travers les franges d’un gros nuage que le vent entraînait dans l’est. La surface de la mer étincela sous ses rayons. Cette bienfaisante lumière ranima nos forces. Ma tête se redressa. Mes regards se portèrent à tous les points de l’horizon. J’aperçus la frégate. Elle était à cinq milles de nous, et ne formait plus qu’une masse sombre, à peine appréciable. Mais d’embarcations, point !

Je voulus crier. A quoi bon, à pareille distance ! Mes lèvres gonflées ne laissèrent passer aucun son. Conseil put articuler quelques mots, et je l’entendis répéter à plusieurs reprises :

« A nous ! à nous ! »

Nos mouvements un instant suspendus, nous écoutâmes. Et, fût-ce un de ces bourdonnements dont le sang oppressé emplit l’oreille, mais il me sembla qu’un cri répondait au cri de Conseil.

« As-tu entendu ? murmurai-je.

— Oui ! oui ! »

Et Conseil jeta dans l’espace un nouvel appel désespéré.

Cette fois, pas d’erreur possible ! Une voix humaine répondait à la nôtre ! Était-ce la voix de quelque infortuné, abandonné au milieu de l’Océan, quelque autre victime du choc éprouvé par le navire ? Ou plutôt une embarcation de la frégate ne nous hélait-elle pas dans l’ombre ?

Conseil fit un suprême effort, et, s’appuyant sur mon épaule, tandis que je résistais dans une dernière convulsion, il se dressa à demi hors de l’eau et retomba épuisé.

« Qu’as-tu vu ?

— J’ai vu… murmura-t-il, j’ai vu… mais ne parlons pas… gardons toutes nos forces !… »

Qu’avait-il vu ? Alors, je ne sais pourquoi, la pensée du monstre me vint pour la première fois à l’esprit !… Mais cette voix cependant ?… Les temps ne sont plus où les Jonas se réfugient dans le ventre des baleines !

Pourtant, Conseil me remorquait encore. Il relevait parfois la tête, regardait devant lui, et jetait un cri de reconnaissance auquel répondait une voix de plus en plus rapprochée. Je l’entendais à peine. Mes forces étaient à bout ; mes doigts s’écartaient ; ma main ne me fournissait plus un point d’appui ; ma bouche, convulsivement ouverte, s’emplissait d’eau salée ; le froid m’envahissait. Je relevai la tête une dernière fois, puis, je m’abîmai…


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En cet instant, un corps dur me heurta. Je m’y cramponnai. Puis, je sentis qu’on me retirait, qu’on me ramenait à la surface de l’eau, que ma poitrine se dégonflait, et je m’évanouis…

Il est certain que je revins promptement à moi, grâce à de vigoureuses frictions qui me sillonnèrent le corps. J’entr’ouvris les yeux…

« Conseil ! murmurai-je.

— Monsieur m’a sonné ? » répondit Conseil.

En ce moment, aux dernières clartés de la lune qui s’abaissait vers l’horizon, j’aperçus une figure qui n’était pas celle de Conseil, et que je reconnus aussitôt.

« Ned ! m’écriai-je.

— En personne, monsieur, et qui court après sa prime ! répondit le Canadien.

— Vous avez été précipité à la mer au choc de la frégate ?

— Oui, monsieur le professeur, mais plus favorisé que vous, j’ai pu prendre pied presque immédiatement sur un îlot flottant.

— Un îlot ?

— Ou, pour mieux dire, sur notre narwal gigantesque.

— Expliquez-vous, Ned.

— Seulement, j’ai bientôt compris pourquoi mon harpon n’avait pu l’entamer et s’était émoussé sur sa peau.

Pourquoi, Ned, pourquoi ?

— C’est que cette bête-là, monsieur le professeur, est faite en tôle d’acier ! »

Il faut ici que je reprenne mes esprits, que je revivifie mes souvenirs, que je contrôle moi-même mes assertions.

Les dernières paroles du Canadien avaient produit un revirement subit dans mon cerveau. Je me hissai rapidement au sommet de l’être ou de l’objet à demi immergé qui nous servait de refuge. Je l’éprouvai du pied. C’était évidemment un corps dur, impénétrable, et non pas cette substance molle qui forme la masse des grands mammifères marins.

Mais ce corps dur pouvait être une carapace osseuse, semblable à celle des animaux antédiluviens, et j’en serais quitte pour classer le monstre parmi les reptiles amphibies, tels que les tortues ou les alligators.

Eh bien ! non ! Le dos noirâtre qui me supportait était lisse, poli, non imbriqué. Il rendait au choc une sonorité métallique, et, si incroyable que cela fût, il semblait que, dis-je, il était fait de plaques boulonnées.

Le doute n’était pas possible ! L’animal, le monstre, le phénomène naturel qui avait intrigué le monde savant tout entier, bouleversé et fourvoyé l’imagination des marins des deux hémisphères, il fallait bien le reconnaître, c’était un phénomène plus étonnant encore, un phénomène de main d’homme.



La découverte de l’existence de l’être le plus fabuleux, le plus mythologique, n’eût pas, au même degré, surpris ma raison. Que ce qui est prodigieux vienne du Créateur, c’est tout simple. Mais trouver tout à coup, sous ses yeux, l’impossible mystérieusement et humainement réalisé, c’était à confondre l’esprit !

Il n’y avait pas à hésiter cependant. Nous étions étendus sur le dos d’une sorte de bateau sous-marin, qui présentait, autant que j’en pouvais juger, la forme d’un immense poisson d’acier. L’opinion de Ned Land était faite sur ce point. Conseil et moi, nous ne pûmes que nous y ranger.

« Mais alors, dis-je, cet appareil renferme en lui un mécanisme de locomotion et un équipage pour le manœuvrer ?

— Évidemment, répondit le harponneur, et néanmoins, depuis trois heures que j’habite cette île flottante, elle n’a pas donné signe de vie.

— Ce bateau n’a pas marché ?

— Non, monsieur Aronnax. Il se laisse bercer au gré des lames, mais il ne bouge pas.

— Nous savons, à n’en pas douter, cependant, qu’il est doué d’une grande vitesse. Or, comme il faut une machine pour produire cette vitesse et un mécanicien pour conduire cette machine, j’en conclus… que nous sommes sauvés.

— Hum ! » fit Ned Land d’un ton réservé.

En ce moment, et comme pour donner raison à mon argumentation, un bouillonnement se fit à l’arrière de cet étrange appareil, dont le propulseur était évidemment une hélice, et il se mit en mouvement. Nous n’eûmes que le temps de nous accrocher à sa partie supérieure qui émergeait de quatre-vingts centimètres environ. Très heureusement sa vitesse n’était pas excessive.

« Tant qu’il navigue horizontalement, murmura Ned Land, je n’ai rien à dire. Mais s’il lui prend la fantaisie de plonger, je ne donnerais pas deux dollars de ma peau ! »

Moins encore, aurait pu dire le Canadien. Il devenait donc urgent de communiquer avec les êtres quelconques renfermés dans les flancs de cette machine. Je cherchai à sa surface une ouverture, un panneau, « un trou d’homme, » pour employer l’expression technique ; mais les lignes de boulons, solidement rabattues sur la jointure des tôles, étaient nettes et uniformes.

D’ailleurs, la lune disparut alors, et nous laissa dans une obscurité profonde. Il fallut attendre le jour pour aviser aux moyens de pénétrer à l’intérieur de ce bateau sous-marin.


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Ainsi donc, notre salut dépendait uniquement du caprice des mystérieux timoniers qui dirigeaient cet appareil, et, s’ils plongeaient, nous étions perdus ! Ce cas excepté, je ne doutais pas de la possibilité d’entrer en relations avec eux. Et, en effet, s’ils ne faisaient pas eux-mêmes leur air, il fallait nécessairement qu’ils revinssent de temps en temps à la surface de l’Océan pour renouveler leur provision de molécules respirables. Donc, nécessité d’une ouverture qui mettait l’intérieur du bateau en communication avec l’atmosphère.

Quant à l’espoir d’être sauvé par le commandant Farragut, il fallait y renoncer complétement. Nous étions entraînés vers l’ouest, et j’estimai que notre vitesse, relativement modérée, atteignait douze milles à l’heure. L’hélice battait les flots avec une régularité mathématique, émergeant quelquefois et faisant jaillir l’eau phosphorescente à une grande hauteur.

Vers quatre heures du matin, la rapidité de l’appareil s’accrut. Nous résistions difficilement à ce vertigineux entraînement, lorsque les lames nous battaient de plein fouet. Heureusement, Ned rencontra sous sa main un large organeau fixé à la partie supérieure du dos de tôle, et nous parvînmes à nous y accrocher solidement.

Enfin cette longue nuit s’écoula. Mon souvenir incomplet ne permet pas d’en retracer toutes les impressions. Un seul détail me revient à l’esprit. Pendant certaines accalmies de la mer et du vent, je crus entendre plusieurs fois des sons vagues, une sorte d’harmonie fugitive produite par des accords lointains. Quel était donc le mystère de cette navigation sous-marine dont le monde entier cherchait vainement l’explication ? Quels êtres vivaient dans cet étrange bateau ? Quel agent mécanique lui permettait de se déplacer avec une si prodigieuse vitesse ?

Le jour parut. Les brumes du matin nous enveloppaient, mais elles ne tardèrent pas à se déchirer. J’allais procéder à un examen attentif de la coque qui formait à sa partie supérieure une sorte de plate-forme horizontale, quand je la sentis s’enfoncer peu à peu.

« Eh ! mille diables ! s’écria Ned Land, frappant du pied la tôle sonore, ouvrez donc, navigateurs peu hospitaliers ! »

Mais il était difficile de se faire entendre au milieu des battements assourdissants de l’hélice. Heureusement, le mouvement d’immersion s’arrêta.

Soudain, un bruit de ferrures violemment poussées se produisit à l’intérieur du bateau. Une plaque se souleva, un homme parut, jeta un cri bizarre et disparut aussitôt.

Quelques instants après, huit solides gaillards, le visage voilé, apparaissaient silencieusement, et nous entraînaient dans leur formidable machine.


– À SUIVRE –

🤔 Quiz

1- Conseil est tombé à l’eau comme le narrateur par accident.

FAUX 😮 – Conseil a suivi le narrateur volontairement, car il considère cela comme son devoir envers lui. 

2- La frégate Abraham-Lincoln avait le gouvernail cassé après la collision.

VRAI 🙂 

3- Le narrateur a été sauvé par un groupe de marins venant d’une embarcation.

FAUX 😮 Le narrateur a d’abord été sauvé par Conseil, puis ils ont été rejoints par Ned Land sur le dos du “narval”. 

4- Le “narval” décrit dans le texte avait une peau métallique.

VRAI 🙂 

5- La lune a aidé les personnages à se repérer pendant la nuit.

VRAI 🙂 

6- Ned Land a immédiatement compris que le “narval” était un bateau sous-marin.

FAUX 😮 Ned Land a compris cela après avoir constaté que son harpon ne pouvait pas percer la surface en acier. 

7- Le narrateur et Conseil ont trouvé un moyen d’entrer dans le bateau sous-marin par une écoutille.

FAUX 😮 – Ils ont été capturés par des hommes qui sont sortis du sous-marin. 

8- La vitesse du bateau sous-marin était modérée pendant toute la nuit.

FAUX 😮 La vitesse a augmenté vers quatre heures du matin, rendant leur maintien difficile. 

9- Le narrateur a entendu des sons harmonieux venant du bateau sous-marin.

VRAI 🙂 

10- Le bateau sous-marin s’est immergé complètement à la fin du texte.

FAUX 😮 Il a amorcé une immersion, mais le mouvement s’est arrêté lorsque les personnages ont été capturés. 

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🪶 Student Analysis

Le chapitre présenté ici suit immédiatement le précédent. Dès la première phrase, Verne utilise une formulation qui est peu courante de nos jours, “ne… pas moins”, qui signifie simplement malgré tout” ou “quand bien même”. Il emploie également encore le trait d’union dans “très-nette”, ce qui n’est plus conforme à l’orthographe moderne.

George Gordon Byron (1788-1824) et Edgar Allan Poe (1809-1849) étaient des écrivains célèbres. Byron a traversé les Dardanelles à la nage en 1810, un exploit remarquable pour l’époque, et Poe était connu pour être un excellent nageur dans sa jeunesse. Avec deux “coups de talons”, c’est-à-dire des “battements de jambes”, Aronnax remonte à la surface après sa chute dans l’eau.

L’expression “virer de bord” provient du vocabulaire nautique et désigne une manœuvre où un navire à voile change de direction pour remonter contre le vent. Un gréement adapté permet à un voilier d’avancer même face au vent, mais seulement à un angle très obtus par rapport à celui-ci. Pour ne pas trop s’écarter de la direction générale, un parcours en zigzag est nécessaire. À chaque virement, les voiles doivent être repositionnées, ce qui ralentit momentanément la progression. Pour Aronnax, cela a son importance, car ses chances de survie sont plus grandes près de la frégate. Mais celle-ci s’éloigne, et, tiré vers le bas par ses vêtements, Aronnax lutte contre la noyade. Cependant, Conseil, son domestique, vient à son secours. Avec les mots : “Si monsieur veut avoir l’extrême obligeance”, qui semblent totalement inappropriés dans cette situation, il l’invite à continuer à nager avec son aide. Il lui informe également que la frégate était déjà gravement endommagée et incapable de manœuvrer lorsqu’il a sauté à l’eau pour suivre son maître. Cela réduit l’espoir d’être bientôt secourus par les embarcations de la frégate. Ils se débarrassent de leurs vêtements pour mieux nager. Un avantage pour eux est que la mer, dans la région où l’Abraham-Lincoln se trouvait pour la dernière fois, à environ 1500 kilomètres au sud du Japon, a habituellement une température d’environ 20 degrés. Le calme stoïque de Conseil dans une situation apparemment désespérée est impressionnant. Aronnax développe alors une stratégie pour leur permettre de survivre à la nuit : l’un nage tandis que l’autre se laisse flotter sur le dos, et ils alternent ainsi. Pourquoi ne se laissent-ils pas tous les deux flotter ? Verne cherche ici à souligner le génie d’Aronnax en tant que scientifique, capable de faire face à toute situation grâce à des solutions intelligentes. Par chance, la mer est extrêmement calme, car une forte houle aurait rendu leur plan impossible. À la lumière de la lune, ils aperçoivent la frégate à cinq milles, soit environ 9 kilomètres, à l’horizon. Tenter de crier à cette distance est “à quoi bon”, c’est-à-dire inutile. Conseil essaie tout de même et obtient, contre toute attente, une réponse. Avec leurs dernières forces, ils nagent en direction du cri, tandis que le domestique pousse encore son maître. Ned Land, qui se trouve sur un gigantesque “quelque chose” flottant, les tire hors de l’eau. Il s’agit, sans aucun doute, du monstre marin recherché, qui semble être en acier et donc fabriqué par l’homme. Alors qu’ils se demandent encore de quoi il s’agit, leur “radeau de sauvetage” se met en mouvement. L’obscurité ne permet pas de reconnaître la véritable nature du véhicule. Ce n’est qu’au matin, lorsque le véhicule s’arrête, que les naufragés sont remarqués et emmenés à l’intérieur par des hommes encapuchonnés. Le chapitre dramatique se termine ici. À quel type d’équipage les trois personnages vont-ils avoir affaire ? Nous le découvrirons peut-être dans le prochain chapitre…

– Sepp

🗺️ The Journey Goes On…

The astonishing truth about the so-called “monster” begins to surface—it’s no ordinary creature but a man-made marvel of the deep. As the group finds themselves atop this strange vessel, what lies ahead is shrouded in mystery. Don’t miss Chapter 8 to uncover the secrets of this submarine world and meet its enigmatic inhabitants. Share or comment to stay aboard for the next thrilling dive!

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