After the Abraham Lincoln‘s crew becomes convinced of the mysterious sea creature’s reality, the ship sets out in relentless pursuit of the enigmatic glowing beast. In Chapter 4, tension peaks as the crew grapples with awe and fear, and harpooner Ned Land prepares to take aim at the monstrous narwhal. Will they manage to capture this incredible creature or face disaster?

Note: Enjoy the original French text of Jules Verne‘s 20,000 Leagues Under the Sea (⭐ C1/C2), or choose adapted versions for your level in the tabs below! 😊

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Choose your level wisely! Each level offers a unique journey designed to match your current knowledge of French:

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Beginner (A1/A2)

Perfect if you’re just starting out or brushing up on the basics, this level builds a strong foundation!


A1/A2

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Intermediate (B1/B2)

For adventurers ready to take on more complex challenges, this level bridges the gap to fluency!

⭐⭐
B1/B2

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Advanced (C1/C2)

If you’re comfortable with almost everything in French and ready for high-level texts, this is your path!

⭐⭐⭐
C1/C2

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📖 Story (A1/A2)

CHAPITRE VI — À TOUTE VAPEUR

« Regardez ! » a crié Ned Land, le harponneur. Tout le monde a couru vers lui : le commandant, les marins, les ingénieurs. Le bateau s’est arrêté. C’était la nuit, et on voyait une lumière étrange dans l’eau, à droite du navire. Cette lumière était très forte, comme une lampe électrique.

« C’est un monstre ! » a dit Ned Land. « Regardez, il bouge ! Il vient vers nous ! »

Le commandant Farragut a donné des ordres. « Tournez le navire ! Machine en arrière ! » a-t-il crié. Les marins obéissaient, mais le monstre était plus rapide. Il nageait autour du bateau, très vite. La lumière dans l’eau faisait penser à un train qui passe dans la nuit.

« Pourquoi fuyons-nous ? » ai-je demandé au commandant. « Nous devons l’attaquer ! »

« Je ne sais pas ce que c’est », a-t-il répondu. « Attendons le jour. Nous verrons mieux. »

Personne ne dormait cette nuit-là. À minuit, la lumière a disparu. Peut-être que le monstre était parti ? Mais à une heure du matin, un bruit très fort s’est fait entendre. On aurait dit de l’eau qui sort d’un tuyau.


A tense scene inside a dark echoing cave with Armand Leclerc and Elodie Moreau cautiously advancing, looking around as if being followed

« C’est un cétacé, comme une baleine », a dit Ned Land. « Mais beaucoup plus grand et plus fort ! »

À deux heures, la lumière est revenue, très loin. On entendait encore des bruits : de l’eau, de l’air, et des coups de queue.

Le matin, le soleil s’est levé. La lumière dans l’eau avait disparu. À huit heures, on a vu enfin le monstre : un grand animal noir, très long, avec une queue qui frappait l’eau. Il mesurait environ 75 mètres.

Le commandant Farragut a décidé d’attaquer. « Allez à toute vitesse ! » a-t-il ordonné. Le bateau a accéléré, mais le monstre était toujours aussi rapide.

« Nous n’arriverons pas à l’attraper », a dit Ned Land.


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Le commandant a fait préparer un canon. Le premier tir a raté. « Encore une fois ! » a-t-il crié. Un vieux marin a tiré et a touché le monstre, mais la balle a glissé sur sa peau dure.

La chasse a continué toute la journée. Le monstre ne montrait aucun signe de fatigue.

Le soir, à onze heures, la lumière est réapparue, très proche. Le commandant Farragut a donné un dernier ordre : « Approchez doucement. »

Le bateau s’est avancé sans bruit. Ned Land se tenait prêt, avec son harpon. Il a lancé son arme. Elle a frappé le monstre, mais soudain, une énorme vague d’eau est montée sur le bateau.

Un grand choc s’est produit. Le navire tremblait. Je suis tombé dans l’eau, emporté par les vagues.


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– TO BE CONTINUED –

🤔 Quiz

1- Le monstre lumineux était visible à gauche du navire.

FAUX 😮 – Il était visible à droite du navire. 

2- Le commandant Farragut a donné l’ordre d’attaquer le monstre pendant la nuit.

FAUX 😮 – Il a décidé d’attendre le jour pour mieux voir le monstre. 

3- Ned Land a dit que le monstre était plus grand et plus fort qu’une baleine.

VRAI 🙂 

4- Le bateau était plus rapide que le monstre.

FAUX 😮 – Le monstre était aussi rapide, voire plus rapide, que le bateau. 

5- Le commandant Farragut a fait préparer un canon pour tirer sur le monstre.

VRAI 🙂 

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📖 Histoire (B1/B2)

CHAPITRE VI — À TOUTE VAPEUR

Au cri de Ned Land, tout l’équipage courut sur le pont : commandant, officiers, matelots, et même les ingénieurs. La frégate ralentit et glissa sur les eaux sombres. Le Canadien montrait quelque chose au loin, et mon cœur battait à tout rompre.

À environ 400 mètres, une lumière brillait sous la mer. Ce n’était pas une simple phosphorescence. La lumière était forte et formait un ovale lumineux, comme un soleil sous l’eau. « Ce n’est qu’un effet naturel, » dit un officier.

« Non, jamais la mer n’a produit une lumière aussi intense, » répondis-je. « Regardez, ça bouge ! Ça avance vers nous ! »

Un cri s’éleva, et le commandant Farragut ordonna : « Virez de bord ! Machine arrière toute ! » L’équipage obéit, mais la lumière approcha rapidement. En quelques instants, l’animal dépassa la vitesse de la frégate et tourna autour, laissant une traînée brillante comme de la vapeur.

Le monstre s’élança soudain vers nous et s’arrêta à quelques mètres. Puis il disparut, éteignant sa lumière comme une flamme qui s’éteint. La peur paralysait tout le monde. Le commandant, d’ordinaire calme, semblait troublé. « Attaquons au lever du jour, » dit-il. « Cet animal est puissant, peut-être même électrique. »

Durant la nuit, personne ne dormit. La frégate ralentit pour économiser sa vapeur, et l’animal resta proche, se déplaçant doucement sur les vagues. Vers minuit, il s’éteignit. « Est-il parti ? » murmura quelqu’un.


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Mais à une heure du matin, un bruit assourdissant éclata. Le commandant, Ned Land et moi scrutions les ténèbres. « On dirait une baleine, » dit le Canadien. « Mais ce bruit est beaucoup plus fort. Demain, si j’en ai l’occasion, je le harponnerai. »

À l’aube, la lumière réapparut à environ 8 kilomètres. Malgré la distance, on entendait clairement sa respiration et le battement de sa queue. L’animal semblait aussi puissant qu’une locomotive.

Lorsque la brume matinale se leva, Ned Land cria : « Par bâbord arrière ! » Tout le monde regarda. À environ 3 kilomètres, une immense créature noire avançait. Sa queue produisait des remous gigantesques. L’équipage se prépara à attaquer. Harpons, canons et fusils furent mis en place. Ned Land affûta son arme, prêt à frapper.

La frégate accéléra, mais l’animal resta à distance. Pendant quarante-cinq minutes, il joua avec nous, gardant toujours la même avance. Le commandant, frustré, appela Ned Land : « Que dois-je faire ? »

« Forcer la vapeur, » répondit-il. « Et si j’ai une chance, je frapperai. »

L’ingénieur augmenta la pression, et l’Abraham-Lincoln atteignit 30 kilomètres à l’heure. Pourtant, l’animal suivit sans difficulté. L’équipage, furieux, lança des insultes, mais le monstre semblait indifférent.

Le commandant donna alors un ordre risqué : augmenter la pression à dix atmosphères. L’équipage craignait une explosion, mais l’ordre fut exécuté. La frégate vola à près de 35 kilomètres à l’heure. Pourtant, le cétacé accéléra également, toujours hors de portée.


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À midi, rien n’avait changé. Le commandant, déterminé, décida d’utiliser le canon avant. Un premier boulet fut tiré, mais il manqua la cible. « Cinq cents dollars à celui qui touche ! » cria-t-il. Un vieux canonnier visa longuement et tira. Le boulet toucha l’animal, mais glissa sur sa peau comme sur du métal. « Ce monstre est blindé ! » s’exclama-t-il.

La chasse continua, mais le monstre semblait inépuisable. L’Abraham-Lincoln parcourut des centaines de kilomètres ce jour-là sans jamais le rattraper. La nuit tomba, et l’équipage, épuisé, se prépara à abandonner.

À 23 heures, la lumière réapparut, immobile à quelques kilomètres. « Peut-être dort-il, » suggéra quelqu’un. Le commandant donna des ordres : la frégate avança doucement pour ne pas réveiller la créature. Ned Land reprit sa position, harpon en main. Lorsque nous fûmes à environ 60 mètres, le silence régnait à bord. Le Canadien lança son harpon. L’arme frappa l’animal avec un bruit sourd. Aussitôt, la lumière s’éteignit, et deux trombes d’eau s’abattirent sur la frégate. Le choc me projeta à la mer.


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– À SUIVRE –

🤔 Quiz

1- Ned Land est le premier à remarquer la lumière sous l’eau.

VRAI 🙂 

2- Le commandant Farragut ordonne immédiatement de tirer sur l’animal.

FAUX 😮 – Il préfère attendre le jour pour mieux comprendre la situation avant d’attaquer. 

3- La lumière sous-marine est causée par des organismes phosphorescents.

 FAUX 😮 – Le narrateur insiste sur le fait que la lumière est d’origine électrique et non naturelle. 

4- L’Abraham-Lincoln ralentit pour économiser de la vapeur pendant la nuit.

VRAI 🙂 

5- Le monstre émet un bruit semblable à celui des baleines.

VRAI 🙂 

6- Ned Land harponne le monstre dès le lever du soleil.

FAUX 😮 – Il le harponne plus tard dans la nuit, après une approche prudente de la frégate. 

7- Le monstre est plus rapide que l’Abraham-Lincoln à pleine vitesse.

VRAI 🙂 

8- Un boulet tiré par le vieux canonnier transperce le monstre.

FAUX 😮 – Le boulet glisse sur la surface du monstre, comme s’il était blindé. 

9- La lumière émise par le monstre s’éteint après le choc du harpon.

VRAI 🙂 

10- Le narrateur est projeté à la mer après une collision avec le monstre.

VRAI 🙂 


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📖 Histoire (C1/C2)

CHAPITRE VI — À TOUTE VAPEUR

A ce cri, l’équipage entier se précipita vers le harponneur, commandant, officiers, maîtres, matelots, mousses, jusqu’aux ingénieurs qui quittèrent leur machine, jusqu’aux chauffeurs qui abandonnèrent leurs fourneaux. L’ordre de stopper avait été donné, et la frégate ne courait plus que sur son erre.

L’obscurité était profonde alors, et quelque bons que fussent les yeux du Canadien, je me demandais comment il avait vu et ce qu’il avait pu voir. Mon cœur battait à se rompre.

Mais Ned Land ne s’était pas trompé, et tous, nous aperçûmes l’objet qu’il indiquait de la main.

A deux encâblures de l’Abraham-Lincoln et de sa hanche de tribord, la mer semblait être illuminée par dessous. Ce n’était point un simple phénomène de phosphorescence, et l’on ne pouvait s’y tromper. Le monstre, immergé à quelques toises de la surface des eaux, projetait cet éclat très-intense, mais inexplicable, que mentionnaient les rapports de plusieurs capitaines. Cette magnifique irradiation devait être produite par un agent d’une grande puissance éclairante. La partie lumineuse décrivait sur la mer un immense ovale très-allongé, au centre duquel se condensait un foyer ardent dont l’insoutenable éclat s’éteignait par dégradations successives.

« Ce n’est qu’une agglomération de molécules phosphorescentes, s’écria l’un des officiers.

— Non, monsieur, répliquai-je avec conviction. Jamais les pholades ou les salpes ne produisent une si puissante lumière. Cet éclat est de nature essentiellement électrique… D’ailleurs, voyez, voyez ! il se déplace ! il se meut en avant, en arrière ! il s’élance sur nous ! »

Un cri général s’éleva de la frégate.

« Silence ! dit le commandant Farragut. La barre au vent, toute ! Machine en arrière !»

Les matelots se précipitèrent à la barre, les ingénieurs à leur machine. La vapeur fut immédiatement renversée, et l’Abraham-Lincoln, abattant sur bâbord, décrivit un demi-cercle.

« La barre droite ! Machine en avant ! » cria le commandant Farragut.

Ces ordres furent exécutés, et la frégate s’éloigna rapidement du foyer lumineux.

Je me trompe. Elle voulut s’éloigner, mais le surnaturel animal se rapprocha avec une vitesse double de la sienne.

Nous étions haletants. La stupéfaction, bien plus que la crainte, nous tenait muets et immobiles. L’animal nous gagnait en se jouant. Il fit le tour de la frégate qui filait alors quatorze nœuds, et l’enveloppa de ses nappes électriques comme d’une poussière lumineuse. Puis il s’éloigna de deux ou trois milles, laissant une traînée phosphorescente comparable aux tourbillons de vapeur que jette en arrière la locomotive d’un express. Tout d’un coup, des obscures limites de l’horizon, où il alla prendre son élan, le monstre fonça subitement vers l’Abraham-Lincoln avec une effrayante rapidité, s’arrêta brusquement à vingt pieds de ses précintes, s’éteignit, — non pas en s’abîmant sous les eaux, puisque son éclat ne subit aucune dégradation, — mais soudainement et comme si la source de cette brillante effluve se fût subitement tarie ! Puis, il reparut de l’autre côté du navire, soit qu’il l’eut tourné, soit qu’il eut glissé sous sa coque. A chaque instant, une collision pouvait se produire, qui nous eût été fatale.

Cependant, je m’étonnais des manœuvres de la frégate. Elle fuyait et n’attaquait pas. Elle était poursuivie, elle qui devait poursuivre, et j’en fis l’observation au commandant Farragut. Sa figure, d’ordinaire si impassible, était empreinte d’un indéfinissable étonnement.

« Monsieur Aronnax, me répondit-il, je ne sais à quel être formidable j’ai affaire, et je ne veux pas risquer imprudemment ma frégate au milieu de cette obscurité. D’ailleurs comment attaquer l’inconnu, comment s’en défendre ? Attendons le jour et les rôles changeront.

— Vous n’avez plus de doute, commandant, sur la nature de l’animal ?

— Non, monsieur, c’est évidemment un narwal gigantesque, mais aussi un narwal électrique.

— Peut-être, ajoutai-je, ne peut-on pas plus l’approcher qu’une gymnote ou une torpille !

— En effet, répondit le commandant, et s’il possède en lui une puissance foudroyante, c’est à coup sûr le plus terrible animal qui soit jamais sorti de la main du Créateur. C’est pourquoi, monsieur, je me tiendrai sur mes gardes. »

Tout l’équipage resta sur pied pendant la nuit. Personne ne songea à dormir. L’Abraham-Lincoln, ne pouvant lutter de vitesse, avait modéré sa marche et se tenait sous petite vapeur. De son côté, le narwal, imitant la frégate, se laissait bercer au gré des lames, et semblait décidé à ne point abandonner le théâtre de la lutte.

Vers minuit, cependant, il disparut, ou, pour employer une expression plus juste, il « s’éteignit » comme un gros ver luisant. Avait-il fui ? il fallait le craindre, non pas l’espérer. Mais à une heure moins sept minutes du matin, un sifflement assourdissant se fit entendre, semblable à celui que produit une colonne d’eau, chassée avec une extrême violence.


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Le commandant Farragut, Ned Land et moi, nous étions alors sur la dunette, jetant d’avides regards à travers les profondes ténèbres.

« Ned Land, demanda le commandant, vous avez souvent entendu rugir des baleines ?

— Souvent, monsieur, mais jamais de pareilles baleines dont la vue m’ait rapporté deux mille dollars.

— En effet, vous avez droit à la prime. Mais, dites-moi, ce bruit n’est-il pas celui que font les cétacés rejetant l’eau par leurs évents ?

— Le même bruit, monsieur, mais celui-ci est incomparablement plus fort. Aussi, ne peut-on s’y tromper. C’est bien un cétacé qui se tient là dans nos eaux. Avec votre permission, monsieur, ajouta le harponneur, nous lui dirons deux mots demain au lever du jour.

— S’il est d’humeur à vous entendre, maître Land, répondis-je d’un ton peu convaincu.

— Que je l’approche à quatre longueurs de harpon, riposta le Canadien, et il faudra bien qu’il m’écoute !

— Mais pour l’approcher, reprit le commandant, je devrai mettre une baleinière à votre disposition ?

— Sans doute, monsieur.

— Ce sera jouer la vie de mes hommes ?

— Et la mienne ! » répondit simplement le harponneur.

Vers deux heures du matin, le foyer lumineux reparut, non moins intense, à cinq milles au vent de l’Abraham-Lincoln. Malgré la distance, malgré le bruit du vent et de la mer, on entendait distinctement les formidables battements de queue de l’animal, et jusqu’à sa respiration haletante. Il semblait qu’au moment où l’énorme narwal venait respirer à la surface de l’océan, l’air s’engouffrait dans ses poumons, comme fait la vapeur dans les vastes cylindres d’une machine de deux mille chevaux.

« Hum ! pensai-je, une baleine qui aurait la force d’un régiment de cavalerie, ce serait une jolie baleine ! »

On resta sur le qui-vive jusqu’au jour, et l’on se prépara au combat. Les engins de pêche furent disposés le long des bastingages. Le second fit charger ces espingoles qui lancent un harpon à une distance d’un mille, et de longues canardières à balles explosives dont la blessure est mortelle, même aux plus puissants animaux. Ned Land s’était contenté d’affûter son harpon, arme terrible dans sa main.

A six heures, l’aube commença à poindre, et avec les premières lueurs de l’aurore disparut l’éclat électrique du narwal. A sept heures, le jour était suffisamment fait, mais une brume matinale très-épaisse rétrécissait l’horizon, et les meilleures lorgnettes ne pouvaient la percer. De là, désappointement et colère.

Je me hissai jusqu’aux barres d’artimon. Quelques officiers s’étaient déjà perchés à la tête des mâts.

A huit heures, la brume roula lourdement sur les flots, et ses grosses volutes se levèrent peu à peu. L’horizon s’élargissait et se purifiait à la fois.

Soudain, et comme la veille, la voix de Ned Land se fit entendre.

« La chose en question, par bâbord derrière ! » cria le harponneur.

Tous les regards se dirigèrent vers le point indiqué.



Là, à un mille et demi de la frégate, un long corps noirâtre émergeait d’un mètre au-dessus des flots. Sa queue, violemment agitée, produisait un remous considérable. Jamais appareil caudal ne battit la mer avec une telle puissance. Un immense sillage, d’une blancheur éclatante, marquait le passage de l’animal et décrivait une courbe allongée.

La frégate s’approcha du cétacé. Je l’examinai en toute liberté d’esprit. Les rapports du Shannon et de l’Helvetia avaient un peu exagéré ses dimensions, et j’estimai sa longueur à deux cents cinquante pieds seulement. Quant à sa grosseur, je ne pouvais que difficilement l’apprécier ; mais, en somme, l’animal me parut être admirablement proportionné dans ses trois dimensions.

Pendant que j’observais cet être phénoménal, deux jets de vapeur et d’eau s’élancèrent de ses évents, et montèrent à une hauteur de quarante mètres, ce qui me fixa sur son mode de respiration. J’en conclus définitivement qu’il appartenait à l’embranchement des vertébrés, classe des mammifères, sous-classe des monodelphiens, groupe des pisciformes, ordre des cétacés, famille… Ici, je ne pouvais encore me prononcer. L’ordre des cétacés comprend trois familles : les baleines, les cachalots et les dauphins, et c’est dans cette dernière que sont rangés les narwals. Chacune de ces familles se divise en plusieurs genres, chaque genre en espèces, chaque espèce en variétés. Variété, espèce, genre et famille me manquaient encore, mais je ne doutais pas de compléter ma classification avec l’aide du ciel et du commandant Farragut.

L’équipage attendait impatiemment les ordres de son chef. Celui-ci, après avoir attentivement observé l’animal, fit appeler l’ingénieur. L’ingénieur accourut.

« Monsieur, dit le commandant, vous avez de la pression ?

— Oui, monsieur, répondit l’ingénieur.

— Bien. Forcez vos feux, et à toute vapeur ! »

Trois hurrahs accueillirent cet ordre. L’heure de la lutte avait sonné. Quelques instants après, les deux cheminées de la frégate vomissaient des torrents de fumée noire, et le pont frémissait sous le tremblotement des chaudières.

L’Abraham-Lincoln, chassé en avant par sa puissante hélice, se dirigea droit sur l’animal. Celui-ci le laissa indifféremment s’approcher à une demi-encâblure ; puis, dédaignant de plonger, il prit une petite allure de fuite, et se contenta de maintenir sa distance.

Cette poursuite se prolongea pendant trois quarts d’heure environ, sans que la frégate gagnât deux toises sur le cétacé. Il était donc évident qu’à marcher ainsi, on ne l’atteindrait jamais.

Le commandant Farragut tordait avec rage l’épaisse touffe de poils qui foisonnait sous son menton.

« Ned Land ? » cria-t-il.

Le Canadien vint à l’ordre.

« Eh bien, maître Land, demanda le commandant, me conseillez-vous encore de mettre mes embarcations à la mer ?

— Non, monsieur, répondit Ned Land, car cette bête-là ne se laissera prendre que si elle le veut bien.

— Que faire alors ?

— Forcer de vapeur si vous le pouvez, monsieur. Pour moi, avec votre permission, s’entend, je vais m’installer sur les sous-barbes de beaupré, et si nous arrivons à longueur de harpon, je harponne.

— Allez, Ned, répondit le commandant Farragut. Ingénieur, cria-t-il, faites monter la pression. »

Ned Land se rendit à son poste. Les feux furent plus activement poussés ; l’hélice donna quarante-trois tours à la minute, et la vapeur fusa par les soupapes. Le loch jeté, on constata que l’Abraham-Lincoln marchait à raison de dix-huit milles cinq dixièmes à l’heure.

Mais le maudit animal filait aussi avec une vitesse de dix-huit milles cinq dixièmes.


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Pendant une heure encore, la frégate se maintint sous cette allure, sans gagner une toise ! C’était humiliant pour l’un des plus rapides marcheurs de la marine américaine. Une sourde colère courait parmi l’équipage. Les matelots injuriaient le monstre, qui, d’ailleurs, dédaignait de leur répondre. Le commandant Farragut ne se contentait plus de tordre sa barbiche, il la mordait.

L’ingénieur fut encore une fois appelé.

« Vous avez atteint votre maximum de pression ? lui demanda le commandant.

— Oui, monsieur, répondit l’ingénieur.

— Et vos soupapes sont chargées ?

— A six atmosphères et demie.

— Chargez-les à dix atmosphères. »

Voilà un ordre américain s’il en fut. On n’eût pas mieux fait sur le Mississipi pour distancer « une concurrence » !

« Conseil, dis-je à mon brave serviteur qui se trouvait près de moi, sais-tu bien que nous allons probablement sauter ?

— Comme il plaira à monsieur ! » répondit Conseil.

Eh bien ! je l’avouerai, cette chance, il ne me déplaisait pas de la risquer.

Les soupapes furent chargées. Le charbon s’engouffra dans les fourneaux. Les ventilateurs envoyèrent des torrents d’air sur les brasiers. La rapidité de l’Abraham-Lincoln s’accrut. Ses mâts tremblaient jusque dans leurs emplantures, et les tourbillons de fumée pouvaient à peine trouver passage par les cheminées trop étroites.

On jeta le loch une seconde fois.

« Eh bien ! timonier ? demanda le commandant Farragut.

— Dix-neuf milles trois dixièmes, monsieur.

— Forcez les feux. »

L’ingénieur obéit. Le manomètre marqua dix atmosphères. Mais le cétacé « chauffa » lui aussi, sans doute, car, sans se gêner, il fila ses dix-neuf milles et trois dixièmes.

Quelle poursuite ! Non, je ne puis décrire l’émotion qui faisait vibrer tout mon être. Ned Land se tenait à son poste, le harpon à la main. Plusieurs fois, l’animal se laissa approcher.

« Nous le gagnons ! nous le gagnons ! » s’écriait le Canadien.

Puis, au moment où il se disposait à frapper, le cétacé se dérobait avec une rapidité que je ne puis estimer à moins de trente milles à l’heure. Et même, pendant notre maximum de vitesse, ne se permit-il pas de narguer la frégate en en faisant le tour ! Un cri de fureur s’échappa de toutes les poitrines !

A midi, nous n’étions pas plus avancés qu’à huit heures du matin.

Le commandant Farragut se décida alors à employer des moyens plus directs.



« Ah ! dit-il, cet animal-là va plus vite que l’Abraham-Lincoln ! Eh bien ! nous allons voir s’il distancera ses boulets coniques. Maître, des hommes à la pièce de l’avant. »

Le canon de gaillard fut immédiatement chargé et braqué. Le coup partit, mais le boulet passa à quelques pieds au-dessus du cétacé, qui se tenait à un demi-mille.

« A un autre plus adroit ! cria le commandant, et cinq cents dollars à qui percera cette infernale bête ! »

Un vieux canonnier à barbe grise, — que je vois encore, — l’œil calme, la physionomie froide, s’approcha de sa pièce, la mit en position et visa longtemps. Une forte détonation éclata, à laquelle se mêlèrent les hurrahs de l’équipage.

Le boulet atteignit son but, il frappa l’animal, mais non pas normalement, et glissant sur sa surface arrondie, il alla se perdre à deux milles en mer.

« Ah çà ! dit le vieux canonnier, rageant, ce gueux-là est donc blindé avec des plaques de six pouces !

— Malédiction ! » s’écria le commandant Farragut.

La chasse recommença, et le commandant Farragut, se penchant vers moi, me dit :

« Je poursuivrai l’animal jusqu’à ce que ma frégate éclate !

— Oui, répondis-je, et vous aurez raison ! »

On pouvait espérer que l’animal s’épuiserait, et qu’il ne serait pas indifférent à la fatigue comme une machine à vapeur. Mais il n’en fut rien. Les heures s’écoulèrent, sans qu’il donnât aucun signe d’épuisement.

Cependant, il faut dire à la louange de l’Abraham-Lincoln qu’il lutta avec une infatigable ténacité. Je n’estime pas à moins de cinq cents kilomètres la distance qu’il parcourut pendant cette malencontreuse journée du 6 novembre ! Mais la nuit vint et enveloppa de ses ombres le houleux océan.

En ce moment, je crus que notre expédition était terminée, et que nous ne reverrions plus jamais le fantastique animal. Je me trompais.

A dix heures cinquante minutes du soir, la clarté électrique réapparut, à trois milles au vent de la frégate, aussi pure, aussi intense que pendant la nuit dernière.

Le narwal semblait immobile. Peut-être, fatigué de sa journée, dormait-il, se laissant aller à l’ondulation des lames ? Il y avait là une chance dont le commandant Farragut résolut de profiter.

Il donna ses ordres. L’Abraham-Lincoln fut tenu sous petite vapeur, et s’avança prudemment pour ne pas éveiller son adversaire. Il n’est pas rare de rencontrer en plein océan des baleines profondément endormies que l’on attaque alors avec succès, et Ned Land en avait harponné plus d’une pendant son sommeil. Le Canadien alla reprendre son poste dans les sous-barbes du beaupré.

La frégate s’approcha sans bruit, stoppa à deux encâblures de l’animal, et courut sur son erre. On ne respirait plus à bord. Un silence profond régnait sur le pont. Nous n’étions pas à cent pieds du foyer ardent, dont l’éclat grandissait et éblouissait nos yeux.

En ce moment, penché sur la lisse du gaillard d’avant, je voyais au-dessous de moi Ned Land, accroché d’une main à la martingale, de l’autre brandissant son terrible harpon. Vingt pieds à peine le séparaient de l’animal immobile.

Tout d’un coup, son bras se détendit violemment, et le harpon fut lancé. J’entendis le choc sonore de l’arme, qui semblait avoir heurté un corps dur.

La clarté électrique s’éteignit soudain, et deux énormes trombes d’eau s’abattirent sur le pont de la frégate, courant comme un torrent de l’avant à l’arrière, renversant les hommes, brisant les saisines des dromes.

Un choc effroyable se produisit, et, lancé par-dessus la lisse, sans avoir le temps de me retenir, je fus précipité à la mer.


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– À SUIVRE –

🤔 Quiz

1- Ned Land a identifié le monstre dès l’aube.

FAUX 😮 – Ned Land a identifié le monstre en pleine nuit grâce à son éclat lumineux. 

2- Le commandant Farragut hésite à attaquer le monstre immédiatement.

VRAI 🙂 

3- Le narrateur pense que la lumière produite par le narwal est d’origine électrique.

VRAI 🙂 

4- La frégate Abraham-Lincoln atteignait une vitesse maximale de dix-sept milles trois dixièmes.

FAUX 😮 – Il atteignait une vitesse maximale de dix-neuf milles trois dixièmes.

5- Ned Land est confiant dans sa capacité à harponner le monstre si on l’approche à une distance suffisante.

VRAI 🙂 

6- Le monstre semble indifférent aux tirs de canon, même lorsqu’un boulet le touche.

VRAI 🙂 

7- Le commandant Farragut décide d’arrêter la poursuite après la première tentative échouée.

FAUX 😮 – Il décide de poursuivre le monstre, quitte à risquer l’explosion de la frégate.

8- Le narwal produit des jets de vapeur et d’eau atteignant quarante mètres de haut.

VRAI 🙂 

9- La lumière électrique du narwal s’éteint après qu’il ait été harponné par Ned Land.

VRAI 🙂 

10- Le narrateur tombe à l’eau parce qu’il s’évanouit après avoir vu le narwal.

FAUX 😮 Il tombe à l’eau parce qu’il est projeté par le choc et les trombes d’eau causées par le mouvement du narwal, sans avoir eu le temps de se retenir. 

Great job, adventurer! 🤠

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🪶 Student Analysis

Nous arrivons maintenant au chapitre où l’Abraham-Lincoln rencontre pour la première fois le monstre marin. C’est Ned Land qui l’a aperçu en premier. Le capitaine Farragut ordonne l’arrêt des machines, et la frégate continue d’avancer grâce à son élan et à son inertie. C’est ce que signifie l’expression « elle ne courait plus que sur son erre ».

Au début, seule une lumière sous l’eau est visible. Verne situe le phénomène à une distance de “deux encâblures”, une unité de mesure nautique correspondant à un dixième de mille marin (1,852 km). Un mille marin est, pour rappel, exactement un soixantième d’un degré de latitude à l’équateur (pour plus d’informations sur les longitudes et latitudes, voir ma précédente recension). Cette correspondance simplifie les calculs lors de la navigation. Les encâblures étaient utilisées pour mesurer de courtes distances ou la largeur des entrées de ports. La profondeur de l’objet est donnée en “toises”, une mesure représentant environ un centième d’encâblure. En France, la longueur d’une toise a connu plusieurs ajustements. La Toise de Paris mesurait six pieds de Roi, chaque pied ayant douze pouces, eux-mêmes divisés en douze lignes de Paris. Cependant, Verne devait être familier avec la toise usuelle, introduite par Napoléon comme transition vers le système métrique, et qui mesurait précisément deux mètres.

Bien qu’on discute d’abord l’hypothèse d’organismes phosphorescents comme cause de la lumière, l’intensité observée conduit à conclure qu’elle doit être d’origine électrique. Le phénomène de bioluminescence n’est pas rare chez les animaux marins ; il peut servir à des fins de défense, de chasse ou de reproduction. Presque tous ces êtres lumineux utilisent une molécule appelée luciférine, qui réagit avec l’oxygène sous l’action de l’enzyme luciférase pour produire une lumière visible. Théoriquement, toutes les couleurs de l’arc-en-ciel pourraient être générées, mais le bleu et le vert prédominent, car ces couleurs se propagent le mieux dans l’eau. Du point de vue énergétique, ce mode de production lumineuse est bien plus efficace que ceux à disposition de l’Homme : le rendement lumineux atteint 98 %, alors qu’une LED moderne plafonne à 50 %. Cependant, tous ces organismes sont généralement très petits et ne pourraient produire un phénomène lumineux d’une telle ampleur qu’en très grande quantité.

Une chasse au monstre pendant la nuit, tant qu’il reste sous l’eau, est vaine. On espère donc attendre le matin sans perdre la trace de la créature. Pourtant, celle-ci semble jouer avec la frégate, alternant éloignements et approches pour simuler une attaque. Cela montre sa supériorité en termes de vitesse et de manœuvrabilité. Lorsqu’elle disparaît soudainement vers minuit, il semble que l’occasion soit manquée. Mais un peu plus tard, un bruit de souffle puissant, typique d’un cachalot émergeant pour respirer, révèle sa présence. À bord de l’Abraham-Lincoln, on se prépare alors à la chasse. Les armes précédemment décrites sont mises en position.

Le lendemain matin, l’adversaire est aperçu pour la première fois. Aronnax estime sa longueur à 250 pieds (environ 80 mètres). Il tente de le classer parmi les mammifères marins, mais conclut qu’une observation de plus près est nécessaire. La chasse commence alors ! Le monstre laisse la frégate s’approcher à une demi-encâblure, soit environ 100 mètres, mais maintient cette distance sans effort, bien que le navire soit à grande vitesse. Ned Land comprend qu’une chasse traditionnelle avec des baleinières est inutile face à un tel adversaire et veut harponner depuis la proue de la frégate. Pour cela, le navire doit se rapprocher davantage.

Le capitaine Farragut pousse la frégate à ses limites. Les feux sont intensifiés au point que la vapeur s’échappe des soupapes de sécurité. La vitesse atteint 18,5 nœuds (34 km/h), mais cela reste insuffisant. Farragut fait alors augmenter la pression de vapeur des chaudières, passant de 6,5 bars à 10 bars, ce qui permet un gain de vitesse d’un nœud supplémentaire. Pour l’époque de Verne, où les pressions normales étaient d’environ 5 bars, ces chiffres sont extrêmes et risqués. Cette manœuvre permet un rapprochement, mais avant que Ned Land ne puisse lancer son harpon, la créature s’échappe à une vitesse de 30 nœuds (55 km/h), équivalente à celle des sous-marins nucléaires modernes. À titre de comparaison, le record de vitesse d’un sous-marin est de 44,7 nœuds, atteint par le K-222 soviétique en 1970.

La frégate, incapable de suivre, tente de tirer avec son canon moderne à chargement par la culasse. Le projectile atteint sa cible mais rebondit, révélant une carapace extrêmement résistante. L’équipage comprend qu’il s’agit d’un adversaire blindé. Il ne reste qu’une option : poursuivre le monstre jusqu’à épuisement.

Au crépuscule, la créature s’arrête et commence à briller de nouveau. Comme elle ne bouge pas, les chasseurs espèrent qu’elle dort, à la manière des baleines qui se reposent à la surface. Ils tentent de s’approcher en silence pour permettre à Ned Land de lancer son harpon. Il le fait, mais l’arme ne peut percer l’armure. La lumière s’éteint, et une énorme vague submerge la frégate, emportant tout sur son passage. Aronnax est projeté dans la mer, laissant un suspense parfait pour le chapitre suivant…

– Sepp

🗺️ The Journey Goes On…

The crew’s daring confrontation with the glowing beast ends in chaos and a thrilling twist as a deadly encounter throws Aronnax overboard. What will become of him and the crew? Don’t miss Chapter 5, where new revelations and high-stakes adventures await. Stay tuned, and dive deeper into the mystery of the vast ocean!

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